8 mai 2010

Publié le par Nema Revi

 

« Un soir il s'assit à sa table devant une feuille de papier blanc. C'était le printemps maintenant. La fenêtre de la chambre était ouverte sur la nuit tiède. L'une des branches de grand acacia qui poussait dans le jardin touchait presque le mur, et il pouvait voir les plus proches rameaux éclairés par la lampe, avec leurs feuilles semblables à des plumes palpitant faiblement sur le fond de ténèbres, les folioles ovales teintées d'un vert cru par la lumière électrique remuant par moments comme des aigrettes, comme animées soudain d'un mouvement propre, comme si l'arbre tout entier se réveillait, s'ébrouait, se secouait, après quoi tout s'apaisait et elles reprenaient leur immobilité. »


Claude Simon, L'Acacia, Éditions de Minuit, 1989, p.380.

 

Ce sont les dernières lignes du roman.

En les recopiant, tapant sur mon clavier, je suivais l'économie de cette ponctuation mesurée, dispensée sans excès, sans effets, sans tapage, une ponctuation qui laisse une respiration s'installer, la respiration de l'arbre.

 

 

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